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67. Pèlerinage express

 

 

« Tu dois admettre qu’il est possible que Dieu ne t’aime pas du tout. »

Fight Club

 

Depuis deux et demi, je me suis mise à gamberger à propos de beaucoup de choses dans ma vie, entre autre la croyance. Ou non-croyance, dans mon cas. Le maintenant traditionnel « il faut y croire, Mme B. » que me lance Lolo l’oncologue à chaque fin d’entretien n’y est certainement pas pour rien.

Mais s’il y a bien quelque chose que je n’ai jamais réussi à attraper, c’est la foi. Comme les gens qui sont incapables de conceptualiser certaines notions de mathématiques, leur cerveau fonctionne mieux pour d’autres trucs. Le mien a du mal à comprendre comment on fait pour croire, religieusement ou spirituellement. Croire en la chance, croire au destin. Croire en Dieu, en l’humanité. Croire en soi. Bip, bip, biiiip. Une anomalie de confiance généralisée a été détectée. Veuillez nettoyer le système ou appuyer sur reset.

Je pense que c’est dû en grande partie à une question d’éducation, car à la maison, Dieu, l’Église et ses petits agneaux d’une maniere générale étaient un sujet de plaisanteries et de moqueries constantes. D’ailleurs maintenant, avec du recul, j’admire ma mère d’avoir continué à exister sereinement dans ses convictions religieuses. Chez moi, la graine du doute a été plantée tôt et très profondément. Elle a super bien poussé. Je suis devenue une agnostique feignasse qui n’a jamais assez creusé son incrédulité pour affirmer sa conviction du Grand Rien et passer du côté athée de la barrière métaphysique.

Mais voilà, j’ai été diagnostiquée d’un cancer et j’ai un petit peu évolué.

Ne croire en rien ne m’avait pas plus réussi que le goinfrage par Nutella et la pratique ardente du canaping. La mise en oeuvre des chantiers Bien-être émotionnel et Spiritualité a grandement contribué à la refonte de mes pensées et à une attention accrue aux possibles de la Vie. Depuis, je me suis trouvé une accointance avec un chafoin badger, j’ai câliné des arbres et même entamé le dialogue avec l’esprit du Vent dans un sanctuaire Shinto.

Aussi, l’été dernier, après un super séjour aux Pyrénées fortifiant pour les mollets et le moral, quand sur la route du retour des vacances se dressa Lourdes, mon tout nouveau détecteur mystique se mit à clignoter fébrilement.

Waze était intraitable : c’était le trajet le plus court, le plus rapide… Le seul en fait. Bon. J’ai fini le premier volume fictif de Lire les signes pour les nuls, la croisade des incrédules dans ma tête et j’ai pratiqué un petit peu. Je ne suis pas au top de mon game avec les os de poulet, mais pour les entrailles d’applications téléphoniques, je maîtrise. J’ai donc vu la lumière et proposé à ma petite famille un pèlerinage express, emballé en deux heures. Top chrono : place de parking miraculeusement chère, double-messe en piqué de Basiliques, prière chelou à la Sainte Vierge, shopping religieux, bain de foule du quatrième âge et départ. Ne manquait que la grotte, qui ne rentrait pas dans le timing. Ce sera peut-être pour une prochaine fois en mode Fort Boyard… Sors ! La clé ! Sooooors !!!!

En tout cas, au milieu des fidèles, quelques nuées de scouts, nombreux étrangers pratiquants le tourisme de la piété, éclopés, frères mal en point, et tous les vieux, mandieu tous ces vieux, portée par leur ferveur et l’effet de groupe, j’ai tenté une connexion au Grand Tout local. Je ne sais pas si le message a été reçu, mais il a été plutôt cool à transmettre et je suis repartie de Lourdes le cœur léger et une petite Marie made in China dans le sac à main. Elle tiendra compagnie au Maneki-neko solaire et au Boudhai thaï sur mon autel de la spiritualité, à côté du cadre cœur de la dernière fête des mamans.

Je vous salue Marie

Pleine de grâce

Vous êtes si jolie

Drapée de classe

Merci pour ma super vie

J’ai de la chance, vraiment

Elle est tellement remplie

D’amour, d’amis et d’enfants

Pourriez-vous, s’il vous très plaît

La prolonger quelque peu

Disons huit à dix années

Encore plus serait mieux

Il faudrait un peu de temps

Et de nombreuses prouesses

Aux labos et aux savants

Afin de sauver mes fesses

Pour Mariah Carey

Votre homonyme diva

To believe est un bienfait

Alors je prie Dieu, Buddha

Et toute la cousinade

Des éternelles idoles

D’accepter ma sérénade

Comme le vibrant symbole

Si ce n’est de ma croyance

De mon incrédule foi

Au moins de la confiance

En la vie que j’ai déjà

Marie, si vous êtes là

Bien le bonjour aux cousins

Et si vous n’existez pas…

Eh bien c’était sympa cette petite prière au milieu des fidèles. Bonne ambiance.

Bisous, Amen

A.

 

 

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