15. Un acupuncteur, un naturothérapeute et un homéopathe entrent dans un bar

 

« Le dormeur doit se réveiller. »

 

Dune

 

 

 

Il y a 1 an et demi, dans mon petit esprit étriqué, aller voir un acupuncteur relevait de la bonne blague. C’est fou comme on s’adapte.

 

 

Il existe des rebelles dans toutes les professions.

Même chez les médecins. Il y a des médecins, avec un vrai diplôme, qui se sont tapés leur 9 ans d’études comme les autres. Ils ont un numéro Adéli et une plaque sur la porte. Ils sont remboursés par la sécu. Et ils ne sont pas dans le moule préformaté du lobbying pharmaceutique.

 

 

Sortir du territoire bien balisé de Cancerlandia pour s’aventurer dans les contrées désertiques où vivent quelques médecins rebelles n’est pas chose facile. Ils se cachent. Ils sont très discrets, un peu farouches. Ils ne prennent plus de clientèle, ils sont surbookés.  Ils sont souvent en fin de carrière, voire déjà à la retraite.

Ils ne sont pas appréciés par leurs collègues de Cancerlandia. Oh non.

On ne t’interdit pas d’aller les voir, mais les sourcils se lèvent à la mention de leur nom. Mais bon, tant que ça ne fait pas de mal, tu a le droit d’aller jouer dans le bac à sable avec tes petits copains docteurs pendant que  la médecine sérieuse et véritable s’occupe de ton cas.

 

Avec ses trois punaises de piqûres par mois. 15 minutes mensuelles de contact avec mon infirmier pour soigner mon cancer stade 4. Est ce que j’ai 97 ans? Est ce que je ne veux surtout pas qu’on se batte pour moi? Je ne mérite pas un petit investissement? S’il vous plait, ne m’opérez pas, ne me faîtes pas une chimio ni des rayons, j’adore ma tumeur. Et surtout mes métastases, elles me réconfortent de leur douce présence.

Est ce que je semble amère? Oui c’est normal, je l’ai été.

Énervée? Normal aussi, c’est mon état naturel et peut être la cause de mon petit problème.

Et pourtant même si j’ai été en colère contre ce traitement, je n’en veux pas à mon oncologue. Elle est pro, super sympa, à l’écoute, elle prend 1H30 pour chacune de ses consultations, elle répond à mes nombreuses questions, objections, remises en question, sans jamais s’énerver. Elle n’est pas contre mon envie de saut en parachute parce qu’elle a elle-même déjà sauté.  Elle est OK pour chacun de mes projets voyage. Elle est d’une patience.

Mais elle est bien bien ancrée en Cancerlandia, et à Cancerlancia c’est le comité qui décide. Pour le faire changer d’avis, faut envoyer du bois.

 

Bref.

Pour approcher ces médecins méconnus, il faut passer par des connaissances et des recommandations.

Il faut appeler le lundi entre 7h30 et 8H. Du matin. Si tu loupes le créneau, essaie la semaine suivante.

Il faut montrer patte blanche, expliquer en quoi tu mérites le rendez-vous au téléphone.

 

Quand tu arrives finalement à les rencontrer, garder l’esprit ouvert tu devras.

 

 

Il y en a un qui m’acupuncte avec les doigts. L’acupression ça s’appelle. Connaissais pas. J’ai dû faire une petite recherche sur internet après la première séance vu que je n’avais pas eu droit aux aiguilles pour être sûre que c’était normal.

Mais quand je sors de son cabinet je me sens toujours bien. Et très très très bizarrement lui sait toujours quels seront les résultats de mes examens. C’est troublant et je ne m’y attarde pas, car ça me dépasse un peu. Parce qu’il sait ce qui ce passe dans mon corps. En me touchant du bout de son index.

 

 

Un autre me prescrit tous mes à côtés. Homéopathie, compléments alimentaires, conseils et suivi de mon régime alimentaire. Il est spécialisé dans le régime cétogène et le traitement métabolique du cancer. Il est hyper encourageant, n’hésite pas à m’envoyer en consultation chez des spécialistes plus affûtés quand lui-même n’a pas de réponse, et en bonus il a des bons conseils ciné, parce qu’il me fait sentir que je ne suis pas qu’une patiente de plus.

 

 

Un autre est un médecin qui me suit au niveau psycho. Ce n’est pas un psychologue, mais un médecin naturothérapeute et il n’hésite pas à me dire ce qu’il pense, à me donner des conseils, des exemples imagés. Il m’a ouvert les yeux au forceps, au cric. Il me dérange, il me fait me remettre en question, il me fait avancer, il me fait respirer. Pour moi c’est un peu mon médecin chamane.

 

 

 

Voilà j’ai découvert peut être ce qu’on appelle la médecine holistique qui s’intéresse à l’individu dans son entièreté, a contrario de la médecine allopathique qui cible la maladie.

 

Ce n’est pas une compétition, et pour moi il n’y a pas de choix à faire. Je choisis de faire confiance à la médecine dans ce combat, avec un grand M.

Ça veut dire que je ne me prive d’aucune médecine, d’aucun allié.